Mary Mac Laggan

Mary Mac Laggan a grandi dans un climat familial malsain, notamment sous la coupe d’une mère odieuse. Aujourd’hui, elle explique pourquoi elle a écrit ce livre :

« D’abord, par rapport à ma propre histoire familiale. Le climat dans lequel j’ai grandi n’a pas été terrible. J’ai beaucoup de griefs vis-à-vis de mes deux parents mais aussi à l’encontre de mon frère. Mais je ne lui en veux pas vraiment puisqu’il a lui-même souffert des mêmes parents infâmes et son comportement envers moi s’explique aujourd’hui par ses propres souffrances.

« Ensuite, mon parcours et son lot de rencontres ont été ma deuxième source d’inspiration. J’ai été, et je suis d’ailleurs encore régulièrement, sidérée par le nombre de parents infâmes que je rencontre. Dans ces moments, je ressens à la fois de la colère et du chagrin. Colère devant des adultes irresponsables et parfois crétins. Chagrin de ne pouvoir aider ces enfants victimes et dépendants. L’impuissance est un sentiment que je ne supporte pas.

« C’est ainsi que ce petit guide du parent infâme est né.

« Bien sûr, je suis consciente que d’autres paramètres sont à l’origine du problème : il y a notamment un problème de société, de place accordée à l’éducation et de situation individuelle des parents. Les gens démissionnent de leur rôle parfois par manque de moyens humains et financiers mais aussi de temps. Mais que cela ne minore pas leur responsabilité parentale que j’aborde dans cet ouvrage.

« En écrivant ce livre, j’ai voulu me libérer d’un lourd passé. Je suis arrivée à me faire rire, ce que je trouve salutaire. J’adore l’exagération et j’ai trouvé très jouissif de raconter tout cela de cette façon. C’était une sorte de vengeance jubilatoire, un exutoire, comme si j’écrasais la face de quelqu’un qui m’a blessée dans son assiette de soupe : "Tiens, prends ça !"

« En fait, je qualifierais ma démarche de juste retour des choses, comme si je disais à mes parents : "Je sais que ce que vous avez fait n’était pas acceptable et je ne veux pas passer cela sous silence car je peux avoir de la compassion pour les enfants que vous avez été, mais je ne peux pas pardonner aux adultes que vous êtes devenus." Ce qu’ils ont fait, c’était en tant qu’adultes responsables, il ne faut pas l’oublier.

« D’autre part, ces dernières années, j’ai constaté que de plus en plus d’émissions étaient consacrées aux problèmes relationnels entre les parents et leurs enfants, aux relations familiales douloureuses voire brisées. J’en suis heureuse. Jusque-là c’était un sujet assez tabou, mais la société semble plus mûre pour en parler aujourd’hui. C’est un problème finalement beaucoup plus répandu que l’on ne croit de prime abord, quand on vit cette petite violence quotidienne seul dans son coin…

« Si je pouvais faire passer un message aux victimes de parents infâmes, ce serait celui-là : vous avez parfaitement le droit de ne pas aimer vos parents. Vous êtes une personne libre et indépendante qui sait intimement comment se protéger. Prenez soin de vous et ne culpabilisez pas.

« À l’attention des parents infâmes, j’utiliserais les mots de Khalil Gibran : « Vos enfants ne sont pas vos enfants.« Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même,
« Ils viennent à travers vous mais non de vous.
« Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
« Car tant de parents infâmes n’acceptent pas de voir le lien filial rompu et prennent l’affection de leur enfant ou tout simplement le maintien de la relation comme un dû…

« Donner la vie n’est pas un acte à faire à la légère, ni de manière égoïste. Ce n’est pas non plus réversible. Un enfant n’est pas une poupée, une fois mis au monde il faut être prêt à accueillir un être différent de nous, être généreux de sa personne, accepter d’évoluer et être solide pour que cet enfant grandisse et s’épanouisse au mieux en prenant appui sur nous comme une plante fragile. D’ailleurs, quand on pense au mot "tuteur" pour qualifier celui qui doit prendre soin d’un mineur, il n’a pas dû être choisi au hasard… »

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