Le Cameroun est un pays au système politique complexe, étroitement lié à son passé colonial. De fait, la France lui a légué une administration décollée de sa réalité socio-historique, axée sur des repères occidentaux soi-disant « universels » et détournée du contexte socio-anthropologique du pays. La France a ainsi réussi à mettre en place un système doté d’une très forte capacité à se régénérer et à résister au changement, que Boniface Pascal Mbeng Enama appelle le « machiavélisme franc-maçon ». Celui-ci s’est sédimenté autour de l’inexpérience des premiers administratifs pour implanter les mécanismes de contrôle de la pérennité de sa domination, malgré la volonté du système gouvernant à maintenir en éveil les principes fondateurs de l’État camerounais. La description de l’échiquier politique ambiant laisse transparaître une dénaturation des enjeux essentiels du débat politique. Ainsi le remplacement du chef de l’État entraîne-t-il le risque de faire émerger une équipe peu préparée à comprendre les subtilités d’une administration constituée pour bloquer le développement du pays.
Dans cet essai qui sonne comme une réponse à la question de la scientificité des techniques en usage dans l’administration publique camerounaise, Boniface Pascal Mbeng Enama impute aux outils de la pédagogie maçonnique qui moulent les structures socio-cognitives des fonctionnaires l’apathie de l’administration publique, arrivant à la conclusion que le système politique, héritage de la colonisation, est la cause principale de cette apathie. À l’aide de documents historiques, de discours et d’articles scientifiques, il dresse un tableau politique du Cameroun juste et sans appel.
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