Au cœur du flot humain laborieux que la ville charrie continuellement, un individu, au bout d’un fusil à lunette, ignore qu’une balle fatale va donner un sens à sa vie. Depuis son alcôve protectrice, le tueur d’élite guette sa proie.
Ancien soldat, à la retraite, il n’a pu abandonner son métier. Car traquer la vie et la faucher, c’est ce pour quoi il est fait. As du tir parfait pendant la guerre, il continue d’exercer cette compétence qui définit son être même. Comment renoncer à ce qu’il considère comme un art et, plus encore, une œuvre humanitaire… ?
Car tuer n’est pas assassiner, bien au contraire. Hier, il tuait sans états d’âme et sur mission pour ramener la paix entre les nations. Aujourd’hui, en isolant par son viseur un être de cette fourmilière informe, il l’extirpe de la prison d’un quotidien prévisible, brise sa routine aliénante, le délivre de sa servilité consentante, et rompt son anonymat en lui redonnant une singularité, et même un destin. Loin d’être une victime, le tué est un élu. Le tueur brise aussi son propre isolement en créant une relation dont son fusil est l’instrument.
Comment un crime peut-il s’apparenter à un acte créateur, voire à une œuvre salutaire, et la suppression d’une vie témoigner d’un sentiment d’amitié ?
Sur fond de critique d’une société urbaine déshumanisante, cette profession de foi d’un tireur d’élite mélancolique pose de façon inattendue la question de la solitude, de la singularité, du bien et du mal, et du destin.
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